R&S records?

Le label qui, au début des années 1990, donna de formidables contributions à la jeune scène éléctronique européenne de l’époque (Energy Flash de Joey Beltram, Digeridoo d’Aphex Twin et Plastic Dreams de Jaydee entre autres) dont cet album fait partie. Certains le considèrent même comme l’un des meilleurs jamais sorti sur R&S.

De quoi s’agit-il? De techno. Mais attention, de la très très bonne techno. Les mélodies au synthé, les cliquetis métalliques, les beats lourds: tout a été produit ici pour mettre la barre de niveau vraiment haut (difficilement dépassée depuis). Ca sonne un peu vieux aujourd’hui, d’accord. Mais le côté « gros coup de poing dans ta face » est toujours présent (en tout cas, c’est l’effet que ça m’a donné en l’écoutant la première fois). Du lourd, du répétitif, du mécanique, des morceaux de fer qui voltigent de partout, des robots sous exta, que demande le peuple?

Si l’on part du principe que tout genre musical est en constante évolution, qu’il n’est jamais « parfait » à une époque donnée, comme la majorité des puristes le voudraient, cet album se situerait au moment où la techno des 80s laissait tomber ses origines robtiques naïves à la kraftwerk et adoptait des sonorités beaucoup plus violentes, industrielles, en un mot: s’endurcissait. (Peut être est-ce à cause des dérives commercialo-mafieuses du mouvement rave en 1992, ou alors encore de la qualité de l’extasy qui devenait de moins en moins bonne).
Mais si l’on part du principe qu’il existe un style « parfait », « intouchable », « classique » à ce genre, The 4th Sign en serait l’album représentateur. Voilà ce à quoi les gens devraient penser en entendant le mot « techno ». A écouter très fort.

Track 02 – Nightbreed
Track 05 – Pendulum


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Soft-screamo ou power-pop dépressive ? Suis La Lune est suédois, porte des slims et balance une pêche d’enfer avec swing, douceur et conviction. Le chaos est rarement total mais prend aux tripes, pour vite s’oublier sur des mélodies douces pour paroles dépressives à souhait. De quoi bien débuter la semaine, en somme.

Pirater cet album !

Les altos de Spontaneous Kindness sont restés collés dans ma tête pendant tellement de sales journées, je peux revenir sur cet album et il me fera chaque fois le même effet.
Il y a quelque chose là-dedans qui te donne un peu d’espoir tout en t’enfonçant dans une mélancolie bien froide. Je pourrais jamais utiliser contemplatif avec autant de sens. C’est détaché mais sensible.

La plupart des morceaux sont construits sur une superposition d’arpèges à la guitare, basse, parfois du koto, du charango. Ça a tout de suite cet effet entêtant à la Reich. Du coup, pas besoin de percussions (même si la petite boîte à rythme un peu cheap de One Night Of Swords allège l’ambiance).
Des harmonies tortueuses et des mélodies plaintives et naturellement envolées, il y a une vraie justesse dans la composition. Tout est exposé simplement, brut.

———————————————-Skuli Sverrisson – Seria————————————————

 

Le Skúli Sverrisson que je m’imagine a vraiment la classe. Il est side-man de tellement de groupes dans des univers bien différents (Jim Black, Ryuchi Sakamoto, Blonde Redhead), et Seria tombe un peu au milieu comme « le projet perso que je vous cachais ». Sans aucune prétention, des petits morceaux qu’il a composé dans son coin.
Il a sorti « Seria II » sur 12 Tónar, je vais tenter de mettre la main dessus. Il est plus pimpé, du gros doré sur noir. Le morceau en écoute sur le site du label a une ambiance plus « joueuse ».

« We are desperate kids doing extraordinary things,

And we are just like you,

We are, we’re just like you »

C’est le premier truc qui m’a fait prendre conscience de la splendeur de cet album, cet interlude si tendu d’Eternity Is Lost On The Dying. The Saddest Landscape c’est ça, une batterie qui garde une tension constante, fait monter des intros qui prennent feu comme une trainée de poudre pour toujours exploser en 1000 fragments, ce chant qui arrive toujours abrasif, profond, bien au delà de l’écorchure habituelle du screamo. Au delà, comme tout le reste dans You Will Not Survive, plus loin, plus imposant dans la mélancolie. La voix s’est affermie depuis les précédents albums, plus particulièrement les passages plaintifs, chant presque clair aux cotés salement émo qui ont gagné en assurance. Le temps des larmes est passé, The Saddest Landscape est devenu adulte et ne laisse plus de place pour autre chose que le désespoir qui s’étale sur 7 morceaux comme autant de paliers vers le vide absolu. Tout devient futile, on sort de cet album lessivé, l’esprit embrumé et les idées pas beaucoup plus claires qu’avant. Les 4 premières lignes de chant de Torn, Broken, Beautiful, la montée incroyable de Imperfect But Ours, ces vagues de guitares imposantes qui en viendraient presque à rappeler Oceanic; chaque note est maitrisée, contenue, la violence se distille, mélodies hachées et hurlements scandés sans jamais perdre en intensité. Tout ce que la production perd en énergie brute se retrouve dans une précision qui amène une efficacité qu’aucun des albums précédents n’avait atteint. Les paroles ont perdu toute trace d’espoir, gardent simplement cette candeur et cette innocence qui ne parle plus d’amour mais de déception, perte, regrets… « We / Build walls / To feel less / Alone ». Il m’a fallu des dizaines d’écoutes pour commencer à vraiment apprécier You Will Not Survive qui n’a finalement pas grand chose de plus que les autres; peut-être simplement plus rien à perdre, seulement un cri à livrer, au dessus de toute volonté destructrice, impressionnante, ravageuse, ou encore révolutionnaire. Un message dénué de volonté, l’énergie du désespoir concentrée en une seule œuvre monumentale, Imperfect But Ours « And I / Promess / We will / Solve this someday »

Pirater cet album !

 

Il est des moments où je me prends à rêver que je suis accoudé au hublot d’un Tupolev, survolant l’Oural, assis aux côtés d’un cosaque tout en costume et moustache, empestant la vodka, chantant de sa voix rauque et puissante un chant traditionnel. Et là, deux mecs en uniforme militaire se lèvent et font le chœur tout en exécutant quelques pas de kazatchok. Puis, je me réveille et je regarde par la fenêtre, et tout ce que je vois, ce sont ces putains de platane qui m’accueillent, les bras ironiquement tendus pour me souhaiter la bienvenue à Paris..

Si je vous propose cette compilation, c’est qu’en ces temps de déprime pré-hivernale, il existe d’autres méthodes que la vodka pour passer le blues. Vladimir Vysotsky, acteur russe de son état, dont les talents musicaux ont longtemps été ignorés par la censure en URSS, ne répondant pas à la politique culturelle en vigueur à une époque où la planification ne s’arrêtait pas à la famille… Au final, de nombreux séjours en Europe de l’Ouest ont laissé des enregistrements, nous permettant de profiter avec allégresse de ce que nos camarades nous ont transmis de mieux : la chaleur de leur « Mère Patrie », incarnée par la voix rauque et les paroles enchantées, un brin subversives, de ce monument de la chanson russe.

 

Скачать, товарищи!

Petits bonus :

Je ne sais pas qui est ce type et, au fond, pas plus envie de le savoir. J’aime à me le figurer ermite, au fond d’une forêt pas complètement détruite, portant les séquelles d’un destin trop lourd pour un seul homme. Modelant ses souvenirs avec ses notes, s’arrêtant souvent, parce que le temps n’épargne personne, particulièrement pas lui à qui il reste juste un piano pour en parler.

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J’ai rarement vu une telle émotion dans du Hardcore (ou ce qui s’y rattache). C’est vrai que déjà avec Ruiner, on trouvait cette conjonction complètement folle, improbable et merveilleuse : l’union entre une émotion profonde, écorchée et une violence brute, réjouissante. Defeater semble mettre la barre encore plus haut. Les phases douces ne sont plus que des montées de tension implacables qui finissent inéluctablement en avalanches de plomb liquide ; sans parler de cette voix. Defeater règne en maitre sur Lost Ground et nous de se réjouir d’enfin trouver un groupe qui parvienne à trouver une telle indépendance.

J’ai mal aux pieds

Longue transe interrompue seulement quelques minutes pour un hommage à John Peel (JPRIP) – dont la voix caquetante me tirera toujours un sourire – l’album se révèle pas à pas, avec patience – flux et reflux de notes délicates. Chaque chanson est un pas de plus, seulement un pas de plus, qu’il convient de gouter avec paix. Expérience minimale, qui avec la classe de Mary Poppins, tire la moitié du monde d’une seule note.

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