#Chainfree

27/10/2012

Il est interressant de voir comment la musique évolue a travers les ages et de constater a quel point elle aime répéter les mêmes cycles à chaque fois.

Petit retour en arrière: années 80 – l’electro-boogie, les sons synthétiques de la new wave et le freestyle enflamment les dancefloors de l’époque et permettent aux breakdanceurs de s’épanouir sur des musiques essentiellement composées pour la dance. Sur MTV, les stars noires cherchent à montrer un style luxueux, plein de fourrures, bijoux et autres coiffures extravagantes. Les themes abordes dans les chansons sont soit superflus, légers voire complètement abstraits. Les thermes « soul » et « R&B » deviennent synonymes de grandes nappes synthétiques accompagnées de mélodies a tendance émotionnelle sur piano.

Puis vont arriver deux noms qui vont tout chambouler: Public Enemy et N.W.A. Ces deux groupes vont ramener les pendules du R&B et du freestyle à l’heure et lancer une musique beaucoup plus dure et terre a terre qui prend toute la presse musicale et les critiques de revers. Pas d’ornements, aucune mélodie synthétique, pas de pianos qui s’envolent. Non, eux ils préfèrent les basses lourdes et les samples agressifs. On attaque la police, on reste dans la rue et la réalité quotidienne. Thèmes abordés dans les textes? La confrontation politique (Public Enemy), le nihilisme barbare, le sexe cru et le machisme (N.W.A).

Sans aucune pub ni l’approbation d’MTV, l’album « Straight Outta Compton » de ce même groupe s’est vendu en 3 millions exemplaires.

Voici pour la petite parenthèse historique. Mais aujourd’hui nous sommes en 2012 et les choses ont bien changé depuis. Le gangsta rap et le conscious hip hop se sont bien établis et ont même connu diverses mutations et autres succès. Mais que reste-t-il aujourd’hui de cette lancée entamée par Dr Dre et autres Chuck D il y a 20 ans? Bien, d’un coté on a le swag, style orienté plutôt club primant la frime et les fringues. Les thermes abordés et les instrumentales synthétiques utilisés rappellent beaucoup les dérives du freestyle des années 80. De l’autre on a la Trap et la mégalomanie de mecs comme Rick Ross. Ah oui, et on a aussi Wiz Khalifa qui s’enfume la gueule a la weed devant sa webcam.

Bref, tout ça pour dire que la fin des années 2000, la démocratisation d’outils de production musicale tels que fruity loops et la crise qui l’a accompagnée a aussi vu la soudaine apparition d’une armée de beatmakers qui, tels des bluesmans du 21eme siècle, sont venus chercher leur deux-sous en vendant des beats sur internet. Certains ont même réussi à se trouver une personnalité musicale innovatrice.

C’est en ces beatmakers de cette nouvelle personnalité que je pose désormais mes espoirs en terme de musique rap. Et parmi eux, #Chainfree pourrait en être l’exemple le plus notable et visible.  Producteur discret mais au talent palpable, son son puissant et totalement déstructuré ne laisse pas beaucoup d’indifférents. Son style correspond exactement à l’idée que les gens devraient se faire lorsqu’ils entendent le mot « Trap music ».

Cliquez ici pour accéder au profil soundcloud de #Chainfree

Mais assez parlé, voici un interview exclusif de la personne:

  • Brève présentation pour ceux qui ne te connaissent pas?
  • #Chainfree – Dareous Aka Chain Free. Né et grandi a Atlanta. Certaines personnes aiment m’appeler Dirdy D.
  • Quand et pourquoi as-tu commencé à produire de la musique?
  • #Chainfree – En Janvier dernier. J’ai toujours été un passionné de musique, je faisais du rap au départ puis ça m’a vite mené vers la le domaine de la production.
  • Tes origines sont dans le hip hop. Quels artistes/labels t’ont le plus influencé dans ce genre?
  • #Chainfree – Suave House, The Dungeon Family et Death Row sont les labels qui ont joué  la plus grande part dans mon intérêt pour la musique. Parmi mes artistes préférés il y a 2pac, Tha Dogg Pound, Outkast, UGK, The Firm, Ice Cube, 8ball & MJG. J’ai grandi avec ces artistes, ils ont joué une influence majeure dans ma route vers la production. Ah oui, Too Short aussi.
  • Cool. Comment ton talent musical a-t-il évolué à l’époque? (rap comme production) Faisais-tu partie d’un crew?
  • #Chainfree – Je faisais (et fais) toujours partie d’un crew appelé GBO (aka Georgia Boy Outlawz). Ma technique a évolué grâce aux essais et aux erreurs. J’ai acheté mon propre micro, qui en fin de compte m’a mené vers le mix de voix et d’instruments et le domaine de la production.
  • On dirait que tu ne produit que des instrumentaux en ce moment. Penses-tu des fois à y rajouter de la voix? (sauf pour le morceau « Fuck that talking We Swanging » bien sur)
  • #Chainfree – En fait je travaille sur une mixtape en ce moment (exclusivement produite  par moi et en collaboration avec divers artistes). Je ferais quelques apparitions sur le projet lui-même, mais je serais principalement derrière la scène en ce qui concerne le processus de production/mix/mastering. Pour l’info j’avais fais le morceau « Fuck that talking » pour mon meilleur ami. Je travaille aussi sur un projet solo avec lui. Voici une mixtape que j’avais enregistrée au début de l’année: http://www.datpiff.com/-chainfree-mixtape.338290.html Essentiellement un outil de promotion et d’amélioration de mes techniques  de mix/mastering.
  • Tu dis être un passionné de musique. Est-ce grâce à ton environnement familial ou tu es juste allé cherché des sons par toi même?
  • #Chainfree – C’était personnel. J’étais allé en université d’administration en entreprise. Ca a toujours été un but à long terme pour moi d’ouvrir ma propre boîte de diffusion artistique.
  • Quand est-ce la première fois que tu as entendu parler de soundcloud? Avais-tu déjà fréquenté une autre communauté internet auparavant?
  • #Chainfree – Il y a environ un an. J’ai décidé de m’y mettre une fois que j’ai vu comment c’était simple et facile à utiliser. J’avais aussi essayé Soundclick avant ça, mais je ne l’avais senti aussi utile.
  • On dirait qu’avec un le film snow on da bluff, des nouveaux artistes comme Trouble et une petite flopée de producteurs éparpillés à travers soundcloud sont entrain de créer un nouveau son à Atlanta, différent de la Swag culture qui a pris le reste du pays (de ce que je vois et entends tout du moins). Tes pensées là dessus? Es-tu en contact avec quelqu’un?
  • #Chainfree – Tu parles de trouble DTE et Alley Boy? Ouais, ils ont définitivement créer un gros buzz dans la ville. Quelques artistes m’ont contacté mais je ne suis arrivé à aucune forme de contrat que j’aurais confortablement envie de signer. Je préfèrerais y mettre plus de travail et prendre le chèque que je mérite car je cherche à rester indépendant, bien que je sois toujours ouvert pour des collaborations.
  • Tu penses organiser tes morceaux en EPs/albums ou individuellement ça marche bien pour toi?
  • #Chainfree – J’ai quelques autres projets sur le côté. Pour l’instant je suis plus concentré pour promouvoir/mettre en valeur ma versatilité en tant que producteur. J’expérimente et cherche à voir quels sons l’audience trouve intrigants.
  • Quel équipement tu utilises pour produire ta musique? Quels sons en particulier définissent mieux ton style?
  • #Chainfree – J’ai utilisé FL studio pour le composer. Avec un variété de librairies d’instruments. Ableton live pour faire un mixage rapide. J’ai un mpc akai aussi mais je ne l’utilise principalement que pour le but de mixer.
  • Il semble que tu aimes aussi varier tes styles. De la trap agressive pure et dure vers des morceaux plus tranquilles, futuristes et expérimentaux. Possèdes-tu des principes fondamentaux qui réunissent tout ensemble?
  • #Chainfree – La diversité fais partie du hip hop. J’essaie de montrer aux gens différents styles pour ne pas être étiqueté dans une seule catégorie. ça dépendra aussi du type d’humeur dans laquelle je suis avant de commencer à composer.
  • Quelle est ta technique de composition?
  • #Chainfree – Elle varie. J’essaie une technique différente chaque fois que je compose.

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2012 deja, la juke (ou footwork) a fait son petit bout de chemin depuis son « premier depart » sur Planet Mu records. Pour la France, mis a part les quelques soirees parisiennes du Social Club et la présence du label Booty Call records, la juke reste un style de musique toujours peu présent et marginal dans le monde réel où il est encore trop souvent associé au genre fourre-tout que les clubs americains noment « bass music ».

C’est donc dans le monde « virtuel » (notament sur soundcloud) qu’il se developpe tel un ouragan, chaque pays du monde y ajoutant sa petite saveur locale et poussant les limites du genre chaque fois plus loin. Tel un veritable retour a la techno des annees 90, cette nouvelle évolution de la musique mélangeant une « sub-bass » gonflée aux stéroides et des rythmes frénétiques imprévisibles peuvent s’écouter sur les compilations World Wide Juke sorties cet été (deja 12 volumes…! :D).

Mais qu’en est-il des origines de cette musique? Eh bien elles sont toujours a peu près vivantes, cherchant leur petit coin de paradis sur internet. Revenons dans le Nord des Etats-Unis, lieu ou cette musique est née. Les crews originaux qui animaient le dancefloor il y a 8 ans ont bien sur laissé place a une nouvelle generation de producteurs qui, voyant l’enjeu d’une telle mouvance se developper n’hesitent aujourd’hui pas a plonger dans la breche ouverte et a promouvoir leurs propres crews (l’exemple le plus notable etant bien sur Teklife et le label LitCity Trax mené par DJ Rashad). Une porte se serait meme ouverte a Detroit. Le cycle 30 prophétisé par Jeff Mills semble donc entamer une nouvelle revolution. Le jazz est de retour, narguant la planète afin de casser puis reconstruire les regles du rythme pour la enieme fois.

Voici en exlusivité un court interview ecrit d’un producteur issu de Minneapolis, St Paul (je vous laisse chercher sur google maps pour savoir oú c’est). Son nom est 2tall, le nom du crew « Take Ova Bangz »):

  • donc ouais, parle-moi un peu de ton background musical.
  • 2-Tall – ok j’ai réellement commencé a produire du footwork, de la house et de la juke l’année dernière. Mon pote Yb m’a branché dessus. Mais ca doit faire maintenant 6 ans que je fais du footwork et que j’ecoute de la juke. J’adore produire ce style, j’en fais pour m’amuser principalement.
  • T’as toujours habité a St Paul?
  • 2-Tall – non a la base j’habitais Milwaukee Wisconsin, je n’ai entendu parler de footwork qu’apres etre venu a St Paul.
  • Il semblerait qu’aujourd’hui cette musique se developpe sur internet. Etait-ce pareil a l’epoque? [annees 2000]
  • 2-Tall – C’est vrai, aujourd’hui la juke se développe sur internet. Mais a l' »époque » c’était aussi le cas car la majorité des morceaux sur lesquels je footworkais se trouvaient aussi sur le web. Je n’en produisais pas, je ne faisais que footworker.
  • Est-ce que la scene juke est developpée a St Paul?
  • 2-Tall – Ouais, c’est juste différent par rapport a Chicago. La scene d’ici est seulement plus petite. Notre crew Take Ova Bangz essaie de la rendre plus grande.
  • DJ Yb est avec eux?
  • 2-Tall Ouais Dj Yb est l’un des leaders de Take Ova Bangz.
  • cool, ça fait combien de temps que le crew est formé?
  • 2-tall Depuis 2006 mais au debut on etait deux groupes differents: DJ Yb etait le leader de Last level et DB (devon) etait le leader d’insane bangz. On a juste mis les deux groupes ensembles et on a fait Take Ova Bangz.
  • quel genre d' »equipement » tu utilises pour produire ta musique? (et au passage, serait-il possible de presenter tout le crew pour l’occasion de cet article?
  • 2-Tall En general j’utilise FL Studio, mais des fois l’un de mes potes me prette son mpc. J’aime utiliser les sample « tek » que DJ Yb me file parce que lui il est plutot dans ce genre de sons. Et oui, voici les membres du crew: Dj Yb (Donja ), DB (Devon), Tbone (just tbone), Dman (just Dman), Lil gerl (Gerald), Dj tyson (Tyson) & moi-meme Dj 2tall.
  • Quels autres genres t’inspirent autre que la juke?
  • 2-Tall ah ok, footwork, house, hip hop et un peu de R&B
  • House de Chicago?
  • 2-tall – Ouaip, j’adore la house de Chicago)
  • Comment est-ce que tu vois la juke dans le futur? Peut tu voir des DJs internationnaux en jouer dans les clubs?
  • 2-Tall – Comment est-ce que je vois la juke dans le futur… je pense que ouais, je peux la voir jouer dans des clubs internationaux par des grands DJs.
  • Autre chose a rajouter pour l’article?)
  • 2-Tall – Tout ce dont on a parlé, c’est a peu pres bon.

En Bonus, un morceau du producteur interviwé plus haut (2-Tall, vous pouvez écouter d’autres de ces morceaux en cliquant sur le widget), véritable hommage a la techno robotique et oppressante de Detroit, portant le nom de son crew. A écouter avec des basses puissantes, sinon ça marche pas :D.

Mogwai n’a pas su s’arrêter à temps. C’est la même recette qu’ils servent depuis des années, qui prend à chaque fois, même quand on pense que c’est terminé; on y revient, on en redemande, inlassablement. The Hawk Is Hawling, l’avant dernier album, prenait un tournant presque post-metal parfois, on aurait pu avoir LA révolution, le retour du groupe sur le devant de la scène, bruyant, violent, ce mur solide et impénétrable qu’ils nous ont tant balancé plutôt qu’un gros animal qui s’endort sur son statut de monstre sacré du post-rock. Mais rien de tout ça, le dernier Mogwai est plat, chiant, embarrassant par moments. La magie est partie, on la connait trop bien, c’est même plus drôle. Comme Isis et son Wavering Radiant, Mogwai se casse la gueule sur ce qui pourrait bien être son épitaphe là où ils auraient pu s’arrêter sur un excellent album et cette question que finalement on adore se poser : « Et si ils avaient continué ? ». Mogwai est mort, tant pis pour moi. J’écouterais quand même le prochain si prochain il y a, parce que tous les 6 mois je me dis que c’est le meilleur groupe du monde. Je leur donnerais encore une chance, parce qu’écouter Sine Wave pour la première fois à été la plus grosse claque que j’ai prise en musique. Je resterais fidèle parce que personne (à part Godspeed You ! Black Emperor) n’a composé un post-rock aussi intemporel que « You Don’t Know Jesus » ou « Two Rights Make One Wrong ». Parce que j’ai vu 2 fois « Take Me Somewhere Nice » en live et que 2 fois j’en ai eu les larmes aux yeux; pour ce flot d’émotions contradictoires qu’on a rarement pu palper de façon aussi évidente dans un album. Enfin, parce que sans eux ce blog n’existerait peut-être pas. Rock Action, ou de l’éducation.

Pirater cet album !

 

Ceremony est devenu avec Rohnert Park le parfait groupe de hardcore pour Tracks et Pitchfork, lent, sombre, simple et génial à la fois. Mais aussi excellent que soit leur dernier album, Ceremony, c’est avant tout un des derniers spécimen de ce que fut le hardcore californien, celui de Black Flag, celui qui casse des dents, celui qui nique la police, celui qui s’en branle. Le hardcore par dépit, la hargne et la bave aux lèvres. A des kilomètres de Ruiner ou Defeater, qu’on pourrait croire énervés juste pour l’être si on les écoutait un peu trop vite. Ceremony, c’est la violence qui fait peur, celle que l’auditeur moyen qualifie d’un « houlààààà » en fronçant les sourcils plus que d’un simple « ah ouais » désintéressé. Conglomérat de morceaux variant entre 20 secondes et 1 minute 30, Violence Violence le bien nommé vient mettre un bon coup de pied au cul à tous les coreux qui pensent que se politiser va les sauver du ridicule, que 3 minutes est un format acceptable et qu’être punk ne veut plus rien dire. Suffit de voir le groupe retourner une fosse pour comprendre qu’un mosh pit, en vrai, c’est ça (« Pack your fists fill of hate, take a swing at the world, These kids stick to themselves, carry angst in their words where will never be a part of this cursed fucking town. So we stand amongst ourselves, watch it burn to the ground, burn to the fucking ground« , Kersed). Locomotive carburant à la haine et à la frustration lancée à fond la caisse, Violence Violence écrase tout avec avec un entrain et une fureur qui se font beaucoup trop rares. L’album inclut le premier EP « Ruined », pour toujours plus de pissed off, pissed off, pissed off !!!

« Put these beautiful people six feet underground.
I walk their roads, spill blood through their streets.
I hate everyone and every fucking thing.
This is my war »

 

Pirater cet album !

J’ai reçu une newsletter de indian queen records, modestement signée « jon…I do the recording project silent land time machine. »

Et je me suis dit, avant qu’il sorte son deuxième album, qui tourne clairement drone arythmique, il faut avoir entendu le premier, &hope still.

Parce qu’il est vraiment unique. Je ne crois pas qu’il y ait un seul projet musical qui crée le même genre d’ambiance. Everything goes to shit résume un peu tout, c’est « le seul morceau qu'[il] avait vraiment en tête quand [il] a commencé à enregistrer ». Donc attendez vous à un mélange d’électroniques, d’accordéon, de violons et de voix inarticulées qui jouent des mélodies de deux ou trois notes sur un rythme bien constant. C’est la plupart du temps un jeu de superposition de pistes, une texture dense qui grossit.

Et le résultat : quelque chose de directement accrocheur ; joyeux avec la classique touche mélancolique ; simplet, anti-épique, un peu cheap. Et puis, bon, unique.

silent land time machine – &hope still

Les plus grandes B.O. se reconnaissent à leur capacité à transcender le support visuel auquel elles étaient asservies, accessoirisées. Blush Music a franchi ce pas à mon plus grand bonheur ; il aurait été injuste de condamner ces pistes à l’étroitesse d’une scène.

Deuxième collaboration entre David Eugene Edwards (16 Horsepower) et Ordy Garrison, autour d’un projet surprenant : un spectacle de danse contemporaine. Le défi lancé était d’adapter la country, musique de beaufs américains, à l’ambiance plus raffinée de la troupe de danse de Wim Vandekeybus. La country se retrouve modernisée, enveloppée d’un voile de brume sous une pluie d’acier chirurgical, lui donnant une texture si froide et si riche à la fois. L’intensité est à son comble, chaque morceau nous maintient dans une ambiance troublante de western, où les chevaux côtoieraient les Choppers, et un suspense permanent soutenu par un son fantomatique.

 

Dirty riding

Fondateur du prestigieux label Environ (indispensable pour tout amateur de deep house!), Morgan Geist fut l’une des grosses révélations de house music alternative de ces 10 dernières années.
Metro Area est en fait composé de deux membres: Morgan Geist et Darshan Jesrani ; qui tombèrent tous les deux dans la musique électronique autour des années 90 (bizarrement, grace à leur intérêt pour le rock progressif). Sortant 4 EPs mémorables entre 1999 et 2001 puis un album en 2002 (recompilant certains morceaux des EPs précédants), le duo réinventa complètement la house underground. Offrant une ambiance beaucoup plus intime et empreintant une nouvelle direction disco jusque-là jamais explorée, ce style sera développé par d’autres artistes tout le long des années 2000 donnant naissance, à la fin de la décennie, au courant « NuDisco » (dont Hercules & Love Affair et Aeroplane font partie).
Innovateur à souhait, Metro Area repose sur 11 morceaux instrumentaux pleins de soul calmes et entrainants. Aucun de ces tracks n’a été retouché ou poli à la perfection: le résultat donne un son rugueux propre aux vinyles des années 70 (Mention spéciale pour « Caught Up »!). Du funk et de l’atmosphere, un vrai délice.

Track 11 – Caught Up

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C’est durant la période du début des années 90 que les party kids anglais dansaient sur un son dûr, rapide et syncopé bâptisé « hardcore ». Ce style fortement inspiré des morceaux les plus brutaux d’Undergound Resistance capture parfaitement l’ambiance des raves clandestines de l’époque: elle prenait les danseurs au ventre, balançait des lignes de synthétiseur à faire pâlir un soldat de la garde royale et une répétition de « breaks » qui donnaient une véritable sensation de vitesse incontrolée. Une musique incontrôlable, issue de l’underground et bien décidée à y rester (le hardcore fut complètement ignoré par la presse musicale et les connards prétencieux de l’époque qui le jugèrent trop stupide et sans intérêt).

Et pourtant, ce style a su apporter tellement d’inovations: Certains producteurs cherchèrent à accélérer le tempo, multiplièrent les rythmes breakbeat et inventèrent le courant jungle (ou drum’n’bass) qui connut un énorme succès. Ils y ajoutèrent aussi une ambiance débile évoquant l’enfance à gros coup de samples de dessins animé (histoire de faire un beau doigt d’honneur aux lois sur le copyright), de rappeurs à la voix hyper-accélérée et de pianos kitch (Cette envie d’enfantiliser le mouvement donnera plus tard le Happy Hardcore). C’était ça le truc: cette musique ne se prenait absolument pas au sérieux. L’ambiance des raves reposait sur des costumes bizarres, sifflets, gateaux à l’extasy et autres performances sceniques délirantes…

Bref, je vous laisse avec un classique qui, en 1992, posait déjà les bases de la drum’n’bass. Tous les morceaux valent le coup (même si j’ai un petit faible pour « Get Funky In The Place », qui n’a aucune honte à violer sauvagement Mozart). C’est débile et bourin. Naïf et brutal en même temps . Avec cet EP, les kids anglais lançaient un gros « FUCK » aux années Tatcher, aux élites bobo prétencieuses et à tout ce qui, d’une certaine manière, avait du bon goût.

Track 01 – I Need your Loving (Real Hardcore Mix)
Track 02 – Feel The Fury (Piano Remix)
Track 03 – He Never Lost His Hardcore (Remix)
Track 04 – Get Funky In The Place (Mozart Remix)

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Personne n’a jamais réussi à me donner une définition précise du mot « funk » ; et pourtant, ça fait longtemps que le genre musical est présent. Un petit tour sur wikipédia nous apprend que « le terme funk provient de l’argot anglo-américain funky, qui signifie littéralement « puant », reproche traditionnellement adressé aux noirs par les WASP racistes, et repris ensuite à leur compte par les artistes noirs ». C’est assez simple: certaines personnes comprennent le funk, d’autres pas. Si en écoutant les premiers morceaux de l’album avec des bonnes basses, tu ne bouges pas au moins UNE SEULE PARTIE DE TON CORPS (même la tête), eh bien tu n’as rien compris, passe ton chemin.

Les fondateurs s’appellent O’Kelly Isley Jr, Rudolph Isley, Ronald Isley et Vernon Isley (devinez d’où vient le nom du groupe!). Comme presque toute bonne formation soul/funk des années 70, les Isley brothers avaient déjà démarré une carrière gospel puis R&B 20 ans plus tôt. C’est en 1959 qu’ils atteignent les hit parades grace à leur succès doo-wop « Shout » puis en 1962 avec « Twist & Shout » (fameux morceau repris une année plus tard par les Beatles). Après un petit tour par la Motown, les frères démarrent à la fin des années 60 leur propre label « T-Neck Records » d’où sera issu leur album « 3+3 ». C’est le début la période en or pour le groupe: le son R&B dont ils s’étaient fait connaître jusque là se voit teinté d’éléments rock, soul et bien sûr de funk.

Et c’est en 1975 que sort « The Heat is On », album qui atteindra la place n°1 dans le billboard 200 des Etats-Unis. Le reste fait partie de l’histoire.  L’impact de ce groupe sur la musique afro-américaine est énorme: crochets, « back-beats », riffs à double basse… Leur longévité est aussi impressionnante: les Beatles leur sont redeveurs d’un gros succès, ils ont été contemporains de la Motown, James Brown et Marvin Gaye, ils ont réussi à survivre à tous les courants musicaux de musique noire américaine jusqu’aux années 80 (en passant par le disco et l’electro-funk) ; ils sont même vus par de nombreux artistes de gangsta rap comme les obscurs initiateurs du courant g-funk! (Ron Isley viendra chanter en 1997 sur le tube « Smokin me out » de Warren G).

Composé de 6 morceaux, l’écoute du LP se fait assez rapidement. La première moitié est composée de véritables petites perles pleines de groove, tandis que le reste de l’album passe dans un registre plus smooth, toujours de très bonne qualité (les synthés et la basse de « Sensuality » me donnent des frissons dans la nuque tandis que la superbe voix de Ron Isley ferait mouiller euh… craquer n’importe quelle demoiselle qui venait à l’écouter).

Voilà, que dire de plus… Enjoy!

Track 01 – Fight the Power
Track 04 – For the Love of You


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